Les cadres ne se sentent pas à l'abri des discriminations à l'embauche. Plus du quart d'entre eux en a ressenti en lisant les offres d'emploi ou lors d'entretiens de recrutement, selon une étude (1) publiée mercredi par l'Association pour l'emploi des cadres (Apec). Un chiffre «en augmentation manifeste, commente Jean-François Amadieu, de l'Observatoire des discriminations. D'habitude, les personnes sous-évaluent les discriminations dont elles sont victimes.» Une hausse peut-être liée au contexte politique et médiatique.
Les cadres qui éprouvent le plus la discrimination sont les femmes, les plus âgés et les moins de 30 ans, les diplômés de l'université (plus que ceux des grandes écoles). Les cadres citent par ailleurs «l'origine réelle ou supposée» et le fait d'être une femme (surtout sans enfant) comme facteurs de discrimination. Particularité : aux yeux du cadre, «le non-discriminé, c'est l'autre», résume l'Apec. Par exemple, le jeune diplômé considère souvent qu'une expérience de vingt ans est un plus, alors que le cadre aguerri juge cette expérience défavorable.
Si les offres d'emploi peuvent exiger des diplômes élevés ou un certain niveau d'expérience, les recruteurs «font preuve de souplesse et de pragmatisme», remarque Jacky Chatelain, de l'Apec. Dans l'année précédant l'étude, 45 % des entreprises ont recruté au moins un cadre qui avait un niveau de diplôme inférieur à ce qu'elles recherchaient. Côté candidats, deux tiers des cadres tentent leur chance même si l'offre