Le dispositif antidumping imaginé par Bruxelles peut-il faire déraper la basket européenne ? Ironie du sport : alors que la Commission se penche sur le dossier des chaussures à dessus cuir importées de Chine et du Vietnam, c'est précisément dans ces deux pays entre autres que les grandes marques produisent leurs sneakers par centaines de millions. Des marques qui, aujourd'hui, se bornent à concevoir et à écouler des chaussures qu'ils ne fabriquent plus depuis longtemps.
Produite en Asie, vendue en Europe et aux Etats-Unis : telle est la trajectoire de la basket d'aujourd'hui, dont les fabricants ont misé sur la mondialisation. Très tôt, très fort. «Avec des cycles de produit très courts, des investissements technologiques et marketing très importants et un gros décalage entre la notoriété des marques sportives et leur poids économique réel, les fabricants font tout pour tirer les coûts de production vers le bas, et donc délocaliser», explique Frédéric Bolotny, du Centre de droit et d'économie du sport de Limoges (Haute-Vienne). Aujourd'hui, ces marques, après avoir misé sur la Corée du Sud, se sont tournées vers le Vietnam, l'Indonésie, la Thaïlande, les Philippines. Et bien sûr la Chine, où sont désormais fabriqués 36 % des articles Nike et 30 % des produits Adidas.
Les taxes à l'importation envisagées par la Commission vont-elles épargner les industriels de la chaussure de sport ? En attendant leur annonce demain, le détail des mesures demeure encore mystérieux. Mais à l