Madrid de notre correspondant
«Les règles du jeu internationales sont déterminantes, mais doivent être compatibles avec un raisonnable intérêt national.» Avec toute la prudence qui le caractérise, José Luis Zapatero n'a pas tardé à faire savoir tout le mal qu'il pense de l'OPA lancée lundi par le géant énergétique E.ON (Libération d'hier). Ce groupe allemand a en effet jeté son dévolu, pour 29 milliards d'euros (soit 27,5 euros par action), sur le leader espagnol électrique Endesa, même si ses dirigeants souhaitent une offre plus généreuse, allant au-delà de 28 euros l'action.
Rencontre tendue. Pour le socialiste José Luis Zapatero, cette irruption surprise d'E.ON est des plus contrariantes. Début février, son gouvernement a donné son feu vert à une autre OPA certes hostile lancée sur Endesa par le groupe gazier catalan Gas Natural. Pour le Premier ministre, c'était l'occasion rêvée de voir naître un nouveau «champion national» qui se situerait au cinquième rang européen du secteur énergétique.
Mardi soir, la réunion entre Zapatero et Wulf Bernotat, le président d'E.ON, était d'ailleurs des plus tendues, rapporte en choeur la presse espagnole. D'où la formule de Zapatero : «Les marchés sont importants, mais pour le gouvernement, les citoyens le sont davantage.» Mais, au nom du «patriotisme économique», que peuvent faire les socialistes espagnols pour s'opposer à cette «contre-OPA» ? La première arme, c'est la golden share, c'est-à-dire l'action spécifique que le gouvernemen