Madrid de notre correspondant
La foire d'empoigne pour s'adjuger Endesa, le leader espagnol du marché électrique, a ravivé en Europe le conflit larvé entre partisans du tout-libéral et défenseurs d'un certain «patriotisme économique». Vendredi, cette bataille se jouait avec un accent particulier entre Bruxelles, d'un côté, et José Luis Zapatero, de l'autre, pour qui Endesa est au coeur d'un «secteur stratégique» pour les intérêts nationaux. Car le Premier ministre espagnol est bien décidé à bloquer l'OPA lancée mardi par le géant allemand E. ON sur Endesa. Vendredi, par un décret-loi, son gouvernement a étendu les prérogatives de la Commission nationale de l'énergie (CNE), l'organisme régulateur du secteur. Désormais, celle-ci aura toute latitude pour faire barrage à une offre d'achat venue de l'étranger, notamment si cette dernière est en partie détenue par des pouvoirs publics. Une condition qui pourrait suffire à geler l'OPA d'E. ON, l'Etat de Bavière possédant 2,5 % des parts du groupe allemand.
La Commission européenne, qui se place en grand défenseur de «la libre circulation des capitaux», a aussitôt bondi dans l'arène. Charlie McCreevy, commissaire au Marché intérieur, souhaite poursuivre l'Espagne devant la CEJ, la Cour européenne de justice, «probablement en mars». Pour Bruxelles, il est hors de question que l'aval préalable d'un Etat membre (comme l'Espagne) soit requis pour autoriser ce type d'OPA. En d'autres termes : la fusion potentielle E.ON-Endesa étant communa