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Libération

La menace d'OPA qui arrange les projets de Suez

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publié le 25 février 2006 à 20h27

Il y a fort à parier que cette histoire sera un incontournable business case, décortiqué chaque année dans les meilleures écoles de gestion. Appelons-le «le cas Suez», ou comment utiliser une menace (vraie ou fausse, finalement peu importe) en une redoutable opportunité de lobbying et donc de croissance. Car, en deux jours, Suez a réussi l'exploit, grâce aux menaces d'OPA hostile de l'italien Enel, à crédibiliser son vieux projet de rapprochement avec Gaz de France, dont personne ne voulait entendre parler jusqu'à présent. Un vrai joli coup.

Reprenons l'étrange déroulé des événements des derniers jours pour tenter d'y voir clair dans une affaire qui reste mystérieuse. Mardi, le groupe allemand E.ON déclenche un coup de chaud sur l'Europe de l'énergie en lançant une contre-OPA sur l'électricien espagnol Endesa, alors convoité par le gazier Gas Natural. Dans l'après-midi, un porte-parole du groupe énergétique italien Enel déclare publiquement que son groupe «envisage de lancer une OPA sur Suez» pour prendre le contrôle de sa filière électrique Electrabel. Le lendemain, Fluvio Conti, le patron d'Enel, confirme qu'il «n'excluait pas» le lancement d'une telle OPA.

Folle. Chez Suez, c'est la consternation. D'abord, parce que l'entreprise jure «n'avoir eu aucun contact avec Enel» sur un tel projet. Ensuite, parce que les conseillers de Gérard Mestrallet, le patron de Suez, ne comprennent rien au mode opératoire de l'italien. Aucune entreprise n'est assez folle pour déclarer «envisage