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Libération

Archi-exploitée en Italie

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Giada, 29 ans, architecte, a quitté l'Italie où elle n'arrivait pas à obtenir de contrat, pour venir travailler en France.
publié le 27 février 2006 à 20h28

«A la sortie de la fac, après cinq ans d'études, je n'ai trouvé qu'un stage dans un studio d'architecture milanais. Un mois non rémunéré. Puis trois mois avec un salaire de 500 euros. Je m'estimais heureuse : la plupart de mes camarades ont travaillé gratuitement pendant un temps indéfini, avec le risque d'être renvoyés du jour au lendemain. En Italie, c'est comme ça. Pas de salaire, pas de contrat, tu n'es rien, personne. Tu peux disparaître soudain sans que personne ne s'en rende compte. Tout le monde s'en fout. Surtout dans mon secteur : comment voulez-vous qu'il y ait une protection syndicale dans les professions libérales ? Toi, tu ne dis rien parce que dehors il n'y a pas de boulot. En Italie, la bureaucratie est tellement lourde, l'arsenal législatif si complexe, qu'on ne construit plus rien. Les villes sont restées bloquées aux années 60 ! Donc, quand tu as une place, tu fais tout pour la garder, pour plaire au chef. Moi, j'étais terrorisée. Du coup, je travaillais quinze heures par jour, le soir, le week-end... Sans toucher d'heures sup: hors contrat, ça n'existe pas. Les seules vacances qu'on ait, on nous force à les prendre : les studios ferment en août. Evidemment, on ne touche pas de chômage non plus. A l'époque, je sous-louais une chambre dans un appartement, pour 480 euros par mois. Les loyers sont beaucoup plus élevés qu'en France. Mes parents m'aidaient un peu, mais ils n'ont pas beaucoup d'argent. Pour gagner ma vie, le soir, j'étais projectionniste dans un