Il est présent dans la salle d'audience mais il a préféré rester sur le banc et laisser parler son défenseur syndical, levant juste la main pour montrer au président du conseil qu'il est bien là. Abdel, jeune homme hyperlooké, était conseiller beauté dans une grande enseigne de parfumerie, embauché en octobre 2002 en CDI à temps partiel, une des pratiques de la maison. Ce statut l'arrangeait bien puisque, parallèlement à son job, Abdel était étudiant à Paris-V.
C'est le 11 juin 2005, lors d'une réunion de proximité, «petite sauterie au champagne pendant laquelle les salariés échangent avec la direction», développe le défenseur, que son client a perdu son job d'étudiant. Abdel a posé la question qui fâche. Reprenant les propos qu'un membre de la direction avait tenus dans un journal, louant l'ardeur au travail et l'investissement des Chinois, Abdel a demandé que ces réflexions soient justifiées. «On l'a traité de tête brûlée, explique le délégué, alors qu'il ne s'agissait que d'une protestation saine et efficace.» Abdel a été mis à pied et licencié le 29 juillet. «Il a seulement demandé une justification de propos qu'il a trouvés grossiers et dégradants pour le salarié.» Sur sa lettre, l'employeur a motivé le licenciement en évoquant une «grossièreté totale des propos du salarié et un abus caractérisé de sa liberté d'expression, cite le syndicaliste, alors qu'il n'y avait aucune violence, aucune injure dans la demande d'Abdel ; il est resté serein». L'avocate de l'employeur so