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Libération

Les gays salariés non déclarés

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publié le 27 février 2006 à 20h27

J'en ai marre de ce pédé !» Michel (1) tremble. Impassible, il écoute son patron se défouler sur l'un de ses collègues absents. Michel, lui, est homo. Pour de vrai. Il envisageait, il y a peu, de révéler son orientation sexuelle. Maintenant, il n'en est plus question. Pour quelque temps encore, Michel restera silencieux. Homophobe, son patron ? «Pas spécialement, mais après une telle réflexion, difficile de se livrer...» Retour au placard, au mensonge et au non-dit. Retour au pays des hétéros.

La société, et le monde du travail avec elle, a pourtant évolué depuis quelques années. Le Pacs, la Gay Pride, les associations d'entreprise gays (lire page suivante), les chartes de la diversité et autres codes de bonne conduite signés par les sociétés : autant d'éléments qui favorisent aujourd'hui une plus grande «visibilité». Le silence doucement se rompt dans les couloirs et de plus en plus de gays décident de se dévoiler. Même si le milieu professionnel, normalement asexué, reste très «hétéronormé».

Arbres de Noël. «Essayez, en tant que non-homo, de cacher votre hétérosexualité, ne serait-ce qu'une semaine», propose Catherine Tripon, responsable de l'Autre Cercle, association de réflexion sur la place de l'homosexualité dans le monde du travail. «La discussion, le lundi matin, autour de la machine à café, la naissance du petit dernier, la photo de famille sur le bureau... Tout rappelle, par petites touches invisibles, que le monde du travail est hétérosexuel.» Une pression permanent