Le pays s'offre une nouvelle querelle sur la place du français dans le monde : depuis plusieurs jours, certains députés et personnalités s'en prennent à un accord international qui supprimerait l'obligation de traduire un brevet d'invention en français. Et agitent le spectre d'une déferlante de brevets en anglais et en allemand si était voté un amendement à la loi sur la recherche (en débat ces jours-ci, lire page 16), visant à ratifier cet accord. «Une ânerie monumentale», s'énerve le député Jacques Myard (UMP, Yvelines) qui voit là «l'appauvrissement de notre rayonnement dans le monde». Le linguiste Claude Hagège dénonçait hier dans le Monde «l'assassinat (...) du français comme langue scientifique et commerciale».
A l'origine de la bronca, on retrouve le protocole de Londres de 2000, accord qui vise à simplifier la délivrance de brevets en Europe. Jusque-là, toute entreprise désireuse d'obtenir un titre de propriété sur une invention auprès de l'Office européen des brevets (OEB) doit traduire son brevet dans les langues des pays où elle désire être protégée. Une moulinette multilingue qui renchérit le coût total du dépôt d'un brevet de 10 % à 40 %, selon les cas. Trop cher, rétorquent le Medef et les défenseurs du protocole de Londres, lequel supprime cette obligation pour les brevets rédigés dans l'une des trois langues officielles de l'OEB : l'anglais, l'allemand ou le français. Objectif : diminuer les coûts pour inciter les entreprises, et notamment les PME, à se protég