Dénoncer son collègue de travail qui commet un acte frauduleux ne passe décidément pas en France. Protestations et recours judiciaires se multiplient de la part de syndicats qui s'insurgent contre la mise en place par les directions de procédures de «whistleblowing», c'est-à-dire de systèmes qui permettent d'enregistrer les confidences de salariés à propos de fautes ou fraudes commises au sein de l'entreprise. En septembre, le comité d'entreprise de BSN-GlassPack, un fabricant girondin de bouteilles en verre, filiale d'un groupe américain, avait réussi à faire annuler par la justice la mise en place d'un Numéro vert. Il y a quelques semaines, les syndicats de Fonderie du Poitou aluminium situé dans la Vienne, qui appartient à l'italien Teksid, ont décidé d'alerter la presse et les autorités locales à propos de la création d'une «ligne dédiée pour alerte». Dans la filiale française du groupe pharmaceutique suisse Novartis, le comité central d'entreprise, associé à la CFDT et à FO, a décidé d'assigner pour délit d'entrave les responsables France et monde du groupe suite à la mise en place d'un «Numéro vert de délation au sein de sa filiale France».
Motifs dérisoires. Dans la plupart des entreprises où le whistleblowing s'impose, on trouve la même opposition frontale des syndicats, et le même genre d'arguments. «C'est un système qui ne respecte pas l'intégrité des personnes», explique Alain Barreau, responsable FO de la Vienne. «Cela instaure un climat délétère, où tout le mond