Bruxelles correspondance
La Commission européenne s'énerve. Elle soupçonne la France et l'Espagne d'enfreindre les règles communautaires, et a sommé les deux gouvernements de s'expliquer sur les manoeuvres visant à protéger leurs entreprises nationales. Dans la ligne de mire des services européens de la concurrence : la fusion «patriotique» française Suez-GDF pour dissuader les menaces d'OPA hostile de l'électricien italien Enel (lire ci-contre) et le décret-loi espagnol renforçant le contrôle de Madrid sur les OPA, adopté in extremis après l'offre de l'allemand E.ON sur l'espagnol Endesa. «Ceux-ci pourraient créer des obstacles au droit d'établissement dans d'autres pays de l'UE ainsi qu'à la libre circulation des capitaux, et aux principes de transparence et d'intégrité des opérations de marché», a estimé le porte-parole de la Commission, Oliver Drewes.
Bruxelles tente désormais de faire toute la lumière sur la chronologie de la fusion programmée entre Suez et GDF. Les deux entreprises avaient annoncé précipitamment leur rapprochement après que l'italien Enel a laissé entendre qu'il pourrait lancer une offre publique d'achat sur le groupe franco-belge. La Commission s'intéresse particulièrement au rôle de Veolia, principal concurrent de Suez dans le traitement des eaux et des déchets. D'après un mémorandum remis par Enel à Bruxelles, Veolia aurait suggéré de mener une opération conjointe avec l'italien sur Suez. Avant de renoncer brutalement. «Sous la pression de Paris, qui