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Suez, la «créatrice de valeur», craint l'offensive d'Enel

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Malgré une progression en Bourse de 125 % en dix ans, le groupe français n'est toujours pas à l'abri d'une OPA.
publié le 10 mars 2006 à 20h35

Savez-vous qui, ces dix dernières années, dans les métiers des utilities (services aux collectivités), a été le plus gros «créateur de valeur», en faisant progresser son cours de Bourse de 125 % ? C'est Suez. Et qui a réalisé, en 2005, avec le rachat de la totalité du capital du belge Electrabel, une transaction «créatrice de valeur» ? Encore Suez. Et qui s'apprête à réaliser une opération «créatrice de valeur» en fusionnant avec Gaz de France ? Suez, toujours. A l'écoute de Gérard Mestrallet, PDG de Suez, qui présentait hier les résultats de son groupe, on avait compris le message. «De la valeur, nous en avons assuré pour nos actionnaires. Et nous allons continuer à en délivrer», a-t-il martelé.

Cette obsession quant à la «valeur» ­ matérielle, naturellement ! ­ est symptomatique de la peur qu'a Mestrallet de voir ses actionnaires séduits par une éventuelle contre-offre d'Enel. Même si l'italien préfère temporiser ­ il a annoncé hier soir qu'il attendait une «clarification du cadre institutionnel européen» ­, tout indique qu'il est prêt financièrement à lancer son offensive. Et si Suez est aujourd'hui un groupe rentable (2,5 milliards d'euros de bénéfices en 2005) ­ situation qui devrait s'améliorer après son mariage prévu avec GDF, autre groupe bénéficiaire ­, la fusion devrait se faire à un prix désavantageux pour les actionnaires de Suez : l'offre ne prévoit aucune prime, une hérésie dans le monde financier. Alors qu'Enel serait prêt à offrir une prime de 10 % sur les cou