«Je retrouvais une occasion de m'habiller et d'avoir un rendez-vous avec quelqu'un.» Huguette, 58 ans, a été licenciée en avril 2004 de son entreprise de recyclage mécanique. Elle est passée par les cases bilan de compétences et formation en bureautique, avant de trouver l'automne dernier une annonce qui l'intéresse à l'Apec : un atelier organisé au Centre dramatique national de Montreuil par le metteur en scène Mathieu Bauer, où des cadres au chômage devaient témoigner de leur expérience. Le projet était d'adapter Top Dogs d'Urs Widmer, une pièce qui donne la parole à des «chiens de race», cadres à très haute responsabilité qui, après s'être servis du système, ont vu ce système se retourner contre eux par un licenciement. Bauer s'est inspiré des ateliers et des témoignages des stagiaires pour diriger ses acteurs. Et la transcription est plutôt fidèle.
Dès le début de la représentation, un film montrant un employé désespéré dévaler des escaliers sans pouvoir freiner sa chute en agrippant les barreaux est angoissante. La musique live prolonge cette impression. L'angoisse devient oppressante quand la troupe récite, avec rage, les gros mots utilisés par le «système» et les symboles de cette nouvelle économie déshumanisante. Le procédé est repris en toute fin quand, les uns après les autres, ils psalmodient des noms d'entreprises. Sorte de litanie définitivement effrayante. Des phrases frappent également «le marché, c'est la guerre» ou «comme si je devais purger une peine de pr