Berlin de notre correspondante
Chargé de mission sur les questions de politique industrielle au Centre d'études prospectives et d'informations internationales, l'Allemand Christian Deubner explique par des différences de culture économique les critiques de Berlin sur le «patriotisme économique» français.
La fusion Suez-GDF suscite des commentaires caustiques en Allemagne. Pourquoi ?
Pour les Allemands, cela confirme l'idée que, dès qu'un groupe français a une valeur stratégique pour la France, l'Etat se croit obligé de voler à son secours. En Allemagne, c'est inimaginable.
Les hommes politiques ont pourtant exhorté Electrolux à ne pas fermer l'usine AEG de Nuremberg...
Il arrive que des Länder comme la Bavière injectent de l'argent dans une entreprise. Mais l'Etat fédéral ne s'en mêle jamais. Concernant AEG, la classe politique a exprimé sa sympathie, mais il n'y a eu aucune action concrète.
Il n'y aurait donc pas de «patriotisme industriel» en Allemagne ?
C'est une expression que les Allemands n'utilisent pas. Comme toujours à cause de notre vilain passé. Mais pas seulement. Il y a une vraie différence de mentalité et de culture économique. Les Français sont plus repliés sur leur pays, leurs entreprises et leur cohérence nationale. Les Allemands sont plus ouverts à la concurrence. Les entrepreneurs y ont plus confiance dans leur capacité à s'imposer sur les marchés mondiaux. Quand ils n'y parviennent pas, ils ne se tournent pas automatiquement vers l'Etat comme les Français.
La vil