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Libération
Interview

«Rien d'obscène à s'interroger sur une fusion»

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publié le 24 mars 2006 à 20h43

Bruxelles (UE) de nos correspondants

Jean-Claude Juncker, le doyen du Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement, dont la session de printemps s'est ouverte hier à Bruxelles (lire ci-contre), estime que le «patriotisme économique» proclamé par la France a ses vertus, l'Etat devant avoir son mot à dire dans le fonctionnement de l'économie de marché. Fidèle à la vieille tradition démocrate-chrétienne, le Premier ministre luxembourgeois, qui préside aussi l'Eurogroupe, l'instance réunissant les Etats membres de la zone euro, dénonce aussi violemment la «pensée unique» qui fait de la précarisation des salariés la seule réponse au chômage. Une critique directe du Contrat première embauche (lire pages 2 à 6).

Rome a voulu que ses partenaires condamnent le «patriotisme économique» à la française, en référence à la fusion entre GDF et Suez. Qu'en pensez-vous ?

Le fait qu'on ne m'ait pas demandé de m'associer à ce genre de missive me conduit à penser que je figure dans le camp de ceux qui se rendent coupables de «patriotisme économique». De façon générale, je considère qu'il n'est pas obscène que les gouvernements, surtout s'ils sont actionnaires, posent des questions sur le concept industriel qui sous-tend une OPA ou une fusion, sur les répercussions qu'elle peut avoir pour une région ou un pays, sur le sort des salariés. Que ceux qui veulent que l'Europe apparaisse toujours plus comme un marché et rien qu'un marché ne viennent pas ensuite se plaindre du fossé grandissant ave