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Serigne, 26 ans, est téléopérateur pour la France dans un centre d'appels à Dakar.
publié le 27 mars 2006 à 20h44

à Dakar

«De A comme Anatole jusqu'à Z comme Zoé, les règles de l'épellation, je les connais par coeur ! Depuis dix mois, je travaille dans un centre d'appels pour la France et un peu le Sénégal. J'ai commencé par des enquêtes pour des marques de couches ; ensuite, j'ai appâté le client avant de le mettre en contact avec un vendeur ; et, enfin, je fais de la vente. Tout ça vers la France.

«Avant l'embauche, on passe un entretien téléphonique, histoire de savoir si on a l'accent, africain, ou pas. Puis une formation sur les règles de télémarketing, sur les produits ou les sociétés : quand tu appelles en France, tu as un certain comportement à bannir et des mots à éviter comme "problème", "OK", "erreur"... Et bien sûr, pas un mot de wolof (la langue la plus parlée au Sénégal, ndlr). D'ailleurs, tu ne dois pas dire que tu es Sénégalais, ni que tu es au Sénégal. A la limite, tu peux dire que tu es de mère sénégalaise...

«Parfois, des interlocuteurs détectent que tu es africain. Et, une fois, j'appelle un vieux pour une campagne de fidélisation. Après avoir discuté, il me demande d'où je viens. "Vous décelez un certain accent chez moi ?" Il me dit : "Oui, d'Europe de l'Est ou d'Angleterre." Là, j'ai ri et je lui ai dit que mes parents étaient français mais que j'étais né et que je vivais en Angleterre.

«Depuis quelques mois, je suis une formation pour les services de renseignements téléphoniques. On nous apprend l'histoire des renseignements français, la civilisation française, les gr