A compter de la prochaine vendange, le diable pourra entrer dans la cuve. Au grand dam des tenants d'une viticulture «à la papa», des copeaux de bois de chêne pourront désormais être utilisés comme succédanée des tonneaux pour la vinification des vins de table et même pour certains vins AOC qui en feront la demande. Ces copeaux donnent au raisin fermenté un goût boisé qui plaît, semble-t-il, particulièrement au consommateur amateur. «S'il faut en passer par là pour séduire une clientèle plus jeune et plus féminine, pourquoi pas ?» estime Denis Verdier, patron de la Confédération des coopératives viticoles.
Jugée blasphématoire il y a encore quelques années par la plupart des viticulteurs français, cette démarche, qui doit beaucoup à la mondialisation du goût (moins typé, moins âpre et plus savoureux), a gagné partout du terrain, y compris à Bordeaux : «Il faut utiliser des copeaux venus de forêts françaises et encadrer leur utilisation», admet Alain Vironneau, le boss du Syndicat des bordeaux et bordeaux supérieurs, qui regroupe 6 800 des 10 000 viticulteurs de la région. «Pour séduire la clientèle britannique qui apprécie beaucoup les vins du Nouveau Monde, il me faut des copeaux», explique Jérôme Despey, de la FNSEA. Des résistances subsistent néanmoins : «Les copeaux ne sont pas une réponse à nos difficultés. La Bourgogne est contre», affirme Michel Bosse-Plétière, de l'Union interprofessionnelle des vins de Beaujolais (UIVB). Les Américains, eux, jurent que les qualités o