Tous les linguistes de la planète qui s'intéressent de près à la novlangue du «business» moderne devaient absolument se connecter, hier, sur le site www.alcatel.com/conferences. Ils y ont entendu Serge Tchuruk, patron d'Alcatel, et Patricia Russo, big boss de Lucent, annoncer leurs noces en anglais lors d'une conférence de presse téléphonique pour créer le numéro 2 mondial des équipementiers télécoms, derrière l'américain Cisco. C'était un régal. Combien de fois les mots terrific («fantastique»), compelling («irrésistible») ont-ils été prononcés par les deux patrons en moins d'une heure ? Peut-être dix fois chacun. Avant de détailler, aujourd'hui, leur projet de fusion lors d'une conférence de presse à Paris, le Français et l'Américaine n'ont pas lésiné sur les qualificatifs pour vanter «l'incroyable» combinaison de leurs entreprises. Et de s'extasier sur la ventilation géographique quasi parfaite de leur futur chiffre d'affaires (21 milliards d'euros et 88 000 salariés) : un tiers en Europe, un tiers aux Etats-Unis et un tiers dans le reste du monde. Tremendous ! («formidable» ).
A 68 ans, et à deux mois de quitter la direction opérationnelle d'Alcatel, Serge Tchuruk pense avoir trouvé la meilleure porte de sortie. Pour lui et pour un groupe qui, depuis 2001, a vu son effectif réduit de moitié. Avec cette fusion, le nouveau groupe (dont le nom n'est pas encore choisi) restera de nationalité française, basé à Paris mais dirigé par Patricia Russo, l'actuelle patronne de Lu