Georges a 40 ans. Il a été collaborateur comptable dans un grand cabinet orléanais d'expertise comptable et d'audit pendant sept ans et délégué syndical CFE-CGC.
«Je suis entré dans ce cabinet en répondant à une annonce ANPE en mars 1998. A l'époque, je n'étais pas syndiqué. Je fus surpris de me retrouver d'emblée à 5 mètres du bureau du boss. Cette situation m'a permis de jauger l'oppression que subissaient mes collègues.
Entre la machine à café et les parages de la direction, l'ambiance était totalement différente. Pour ce qui était du travail, il n'y avait aucun problème : des dossiers importants m'étaient confiés, je possédais des outils avant-gardistes et profitais de relations clients enrichissantes. Mais, quand je revenais à mon poste, c'était toujours la même chose : je voyais des collègues entrer dans le bureau du chef pour demander que leurs heures supplémentaires soient payées et ressortir en pleurant. Une femme qui avait pris un savon avait fait une crise de nerfs avant de s'arrêter trois mois, pour finalement être contrainte à la démission. Par ailleurs, les salaires étaient ridicules. Mais, de ces choses-là, les comptables n'en parlaient qu'après avoir quitté la boîte. Il existait un syndicat maison qui ne jouait pas son rôle de contre-pouvoir.
J'ai donc décidé de me lancer. Avec quelques collègues, nous avons discrètement constitué une liste CFE-CGC. C'était fin 1999. On a obtenu quatre des six sièges au comité d'entreprise et j'ai été nommé délégué syndical. La