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Libération

La panique aviaire met les fermes japonaises sur la paille

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Des abattages préventifs en masse provoquent chômage et colère.
publié le 10 avril 2006 à 20h52

Ibaraki envoyé spécial

Depuis deux mois, dans les poulaillers de ponte de la ferme Tsukuba, dans la préfecture de Ibaraki (à 80 kilomètres de Tokyo), Junichi Fukazawa passe ses journées à gazer des volailles au monoxyde de carbone. Des poules Julia, de type allemand. Muni d'une combinaison de protection Dupont (made in France) et d'un masque, cet employé gaze toute la journée des gallinacés. Quatre-vingt-quatre personnes l'épaulent. Les volailles succombent en huit secondes. Puis sont emballées dans des cartons à destination d'un centre d'incinération. Le risque aviaire doit partir en fumée.

Sur le carreau. En juin, des cas de poulets porteurs du virus H5N2, bien moins virulent que le H5N1, ont été découverts à Ibaraki. 41 fermes ont alors reçu pour consigne d'abattre leur élevage, soit six millions de volailles. Depuis le 20 janvier, quatre millions ont été détruits. Trois cents éleveurs et ouvriers avicoles sont sur le carreau, en attendant les indemnisations gouvernementales, pour l'heure en vain. A la ferme Tsukuba (600 employés), le choc est rude. Au nouvel an, avec 2 millions d'oeufs mis en boîte par jour, elle représentait 40 % de l'industrie avicole locale. Depuis, «la préfecture nous livre chaque matin 50 bonbonnes de monoxyde de carbone. A 17 heures, elles sont vides. Nous gazons 30 000 poules par jour», explique, désespéré, Tateo Nishiyama, 62 ans, le gérant de la ferme.

Et pourtant, dit son propriétaire, Hikonobu Isé, 77 ans, «dans ma ferme, pas une poule n'est port