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Libération

Cartel est pris qui croyait prendre

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De la difficulté de s'entendre entre concurrents pour partager un marché...
publié le 12 avril 2006 à 20h54

Dur dur d'être un cartel. Entre la pression des autorités et les embrouilles internes aux cartels eux-mêmes, la première condamnation en France d'une série d'entreprises pour entente sur les prix, suite à la dénonciation de l'une d'elles, n'est qu'une nouvelle illustration des plaies frappant les adeptes de la collusion.

Plaie n° 1 : la délation

La procédure de clémence inaugurée en France hier a été expérimentée dès 1978 par les Etats-Unis. En échange de sa collaboration, une entreprise fautive peut être épargnée par les poursuites. L'UE a suivi en 1996 ­ 18 pays ont mis en place un tel programme. Des cartels de très grande taille ont été mis en charpie suite à des dénonciations, comme celui des vitamines en 1999, qui impliquait notamment Hoffman-Laroche ou BASF, et mis au jour grâce aux aveux de Rhône-Poulenc. La perspective d'échapper à des peines pouvant atteindre plusieurs centaines de millions de dollars agit comme une incitation puissante, et a provoqué parfois une cocasse course à la délation pour être le premier ­ et unique ­ repenti. Lors d'un colloque organisé à Paris en janvier, un ex du département américain de la Justice, James Griffin, racontait ainsi comment il avait vu un jour débouler les avocats de deux firmes membres d'un cartel, prêts à tout déballer : «Nous leur avons dit que le premier serait celui qui décrocherait son téléphone.» Celui qui a perdu «cherchait de l'argent pour la cabine publique».

Plaie n° 2 : l'implosion

L'intervention des autorités n'est