Quand la grande distribution doit recenser ses chambres froides pour y stocker du macchabée ! Michel- Edouard Leclerc a failli tomber de sa chaise en prenant connaissance, il y a quelques semaines, du courrier de la préfecture du Val-d'Oise : «Dans le cadre de la rédaction du Plan de gestion des décès massifs, mes services recensent des entrepôts susceptibles d'accueillir des corps avant mise en bière. C'est pourquoi je vous remercie de bien vouloir m'indiquer la surface de votre entrepôt de froid positif qu'il vous serait possible de réserver à cet effet, ainsi que la température utilisée dans celui-ci.» Depuis, le patron du réseau de distribution du même nom a repris ses esprits. Mais d'autres acteurs du monde de l'agroalimentaire croient encore au gag. «Je fais quoi avec mes entrepôts qui tournent à flux tendu ?» ironise Pierre Perrin, directeur des opérations monde chez Yoplait. Pointant le problème essentiel : la disponibilité.
Réquisition. L'idée n'est pourtant pas neuve : lors de la canicule de 2003, un entrepôt de 4 000 m2 avait été réquisitionné à Rungis (Val-de-Marne), morgue provisoire administrée par la préfecture. «L'élément déclencheur de ces recensements, c'est bien sûr cette canicule, qui a révélé un gros problème "d'entreposage" des corps», explique Gérard Gavory, directeur du cabinet du préfet du Val-d'Oise et signataire de la lettre qu'il a expédiée à huit sociétés «ciblées». Dans le Val-d'Oise, il s'agissait surtout d'entreprises du secteur agroalimentaire