Lille de notre correspondante
Jérémie Leleu, 27 ans, syndiqué à la CGT, gazier depuis six ans à Lille, travaille à la maintenance et la sécurité des réseaux. Quand vous appelez parce que ça sent bizarre dans la rue ou parce que votre gaz est coupé, il vient. Dans les canalisations, il branche les réseaux. Hier, il a fait grève deux heures à l'occasion d'une journée nationale d'action (provoquant des coupures chez des milliers de Lillois) pour protester contre la privatisation de Gaz de France et la fusion avec Suez.
Pourquoi la fusion vous inquiète-t-elle ?
Parce que le privé, c'est réduire les coûts, bénef, bénef. Je vois comment ça se passe aux Eaux du Nord. On ne peut pas dire que c'est très professionnel. Dans ma courée, il y a eu une fuite d'eau. Ils sont venus un soir et ils ont coupé l'arrivée sans prévenir, jusqu'au lendemain. Moi, à Gaz de France, je vais voir les gens avant ! Puis, ils ont creusé, le trou est resté ouvert trois mois. Des gosses jouaient autour, ils auraient pu se blesser. Avec France Télécom, pareil, on a eu un problème de ligne à cause d'un incendie. Ils ont tiré de nouveaux fils, et pendant un an on a eu la ligne un mois sur deux. Parfois, on l'entendait sonner, on disait : «Tiens, il marche.» J'étais prêt à payer un demi-abonnement. J'ai fini par le résilier. A Gaz de France, on suit ce chemin. Le problème, c'est que nous, ce n'est ni de l'eau ni du téléphone. On manipule du gaz, quand même. Ça demande un minimum de rigueur. La réduction des coûts,