Pour percer plus avant la Grande Muraille et le marché chinois de 150 millions d'internautes qui ont dépensé l'an dernier plus de 12 milliards de dollars dans l'e-commerce , Google devient «Gu Ge», une dénomination un brin poétique censée évoquer les traditions chinoises. C'est la première fois que la compagnie américaine change de nom pour pénétrer un marché. Le temps de la récolte n'est pas encore venu, mais en évoquant le «chant de la moisson», «Gu Ge» indique clairement l'objectif poursuivi : recueillir très vite les fruits d'un marché qui pourrait dépasser celui des Etats-Unis. Voire qui l'aurait déjà dépassé si l'on se réfère à une étude menée pour le grand portail chinois Sohu.com (1).
Censure. «La Chine est notre priorité numéro 1.» Lors de l'inauguration, mardi, d'un nouveau centre de technologies à Pékin, les dirigeants de Google ont fait valoir l'importance stratégique de ce pays, où, avant la fin de l'année, ils emploieront une centaine d'ingénieurs, dont 80 Chinois. La première étape a déjà conduit Google à lancer en janvier un site autocensuré, au grand dam des défenseurs des droits de l'homme. «Nous n'avons pas d'autre choix que de respecter la loi», s'est défendu l'un de ses responsables pour justifier le blocage de certains sites jugés indésirables évoquant par exemple toute allusion sensible à Taiwan, au mouvement Falun Gong ou au massacre de Tiananmen. «Ce serait très arrogant de notre part de dicter à un pays, dans lequel nous venons à peine d'arriver