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Libération

CV sans visage

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L'instauration du curriculum anonyme devrait permettre de lutter contre les discriminations, mais son efficacité risque d'être limitée.
publié le 18 avril 2006 à 20h57

C'est une blague de directeur des ressources humaines : «Dernièrement, j'ai reçu un CV anonyme. Il était tellement anonyme que je n'ai pas pu rappeler le candidat. Pourtant il avait l'air intéressant.» Les recruteurs risquent pourtant de ne plus rire longtemps. Début mars, lors du débat autour de la loi sur l'égalité des chances, un amendement a été adopté par le Sénat qui modifie le code du travail et instaure l'obligation pour les entreprises de plus de 50 salariés d'avoir recours au CV anonyme lors de leur processus de recrutement.

Pour l'instant, la technique du CV sans nom dévoilé n'était appliquée que dans quelques grands groupes type Axa ou Adia (réseau de travail temporaire). Mais, si le décret en phase de rédaction au Conseil d'Etat finit par passer, les entrepreneurs vont faire grise mine. «L'attention est louable, il fallait faire en sorte que la discrimination disparaisse au stade des convocations aux entretiens, dit Daniel Croquette, délégué général de l'Association nationale des directeurs et cadres de la fonction personnel (ANDCP). Nous ne réclamions pas une loi. Car de là à en faire une obligation pour les entreprises de plus de 50 salariés, c'est un peu sportif.»

«Pas lourd». C'est surtout au niveau de la méthode que les patrons s'interrogent sur le bien-fondé du CV anonyme. D'entrée de jeu, les embauches par relations, copinage et autres petits coups de pouce passent au travers du nouveau système. «Je m'imagine mal recommander à un de mes collègues le CV anon