Bordeaux de notre correspondante
«Appellation saint-émilion, propriété viticole de 25 hectares, avec maison de maître en pierre de taille, maison secondaire, cuvier, chai à barriques et bâtiment de stockage.» «Propriété viticole 10 hectares, vigne rouge, merlot et cabernet sauvignon, maison ancienne, cinq pièces à rénover, proximité rivière, chais, cuverie, etc.» Des annonces discrètes, peu précises. Mais dans la vitrine, de grandes photos couleurs de ces vastes maisons en pierre blonde, si spécifiques au Bordelais, et de vignes feuillues, bien rangées sur des terres vallonnées. Du rêve. Avec cette sobre mention : «Prix, nous consulter». En apparence, rien n'a changé. La photo est toujours aussi belle. Mais en réalité, les choses vont mal. En trois ans, le prix de la vigne dans certaines appellations a été divisé par deux. Dans l'Entre-Deux-Mers, par exemple, au sud-est de Bordeaux, l'hectare qui se négociait 42 000 euros en 2002, est aujourd'hui bradé à 18 000.
Prudence. «Il y a eu des années flamboyantes, à l'époque où le vin était porteur et se vendait bien. Mais les choses ont changé, constate Claude Renaud, viticulteur et agent immobilier. En ce moment on ne mise pas beaucoup sur la viticulture en France. Les banques prêtent moins facilement.» Et la crise du secteur joue les rabat-joie. Les acheteurs, même s'ils ont soif de nature, d'espace et de liberté, avancent avec prudence. Personne ne veut perdre de l'argent, et la rentabilité des propriétés est devenue très problém