Décidément, ils ne devraient pas être stagiaires. Car les jeunes diplômés du collectif Génération précaire, qui dénonce l'abus de stage en entreprises, sont des pros. Du happening (les manifestants en masques blancs, vus dans tous les JT cet hiver, ce sont eux), du lobbying (ils ont été reçus au ministère), et maintenant de la com': leur mouvement est né en novembre, et ils sortent déjà un livre, Sois stage et tais-toi. «Normal, ils sont quasiment tous dans le secteur du journalisme et de l'édition», persifle un jeune syndicaliste. Qu'importe : l'ouvrage est bien foutu, éclairant, complet.
Du «stage photocopie» à «l'emploi déguisé», il démonte ce qui est parfois devenu un système. Dans sa préface, Jean-Marie Chevalier, professeur de sciences éco à Dauphine, estime que le taux de chômage des moins de 25 ans monterait à plus de 30 % si l'on prenait en compte les emplois déguisés en stage. «On recrute désormais des stagiaires en remplacement de salariés en congé maladie ou maternité, pour effectuer une tâche ponctuelle, voire tout simplement sur un "poste à stagiaires".» Les auteurs rapportent des anecdotes. Un directeur de la communication d'une ONG : «Le problème avec mes stagiaires, c'est qu'elles n'ont pas toutes le même nom !» Des contrats aidés au CPE, «les labels et les statuts précaires se succèdent pour le jeune diplômé ou le jeune sans qualification. [...] Un marché secondaire du travail, une discrimination des jeunes à l'embauche par le maintien dans un statut précair