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Libération

Au bureau des petits profits

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Lire ses e-mails, réserver ses billets de train, se servir dans le pot à crayons ou gérer sa propre boîte sur ses heures de boulot... Revue de détail de ces moments ou objets dérobés à l'entreprise.
publié le 24 avril 2006 à 21h01

Lisa fait la grève. Sa grève, discrète et banale. Depuis quelques jours, entre l'envoi de ses e-mails personnels et la lecture des journaux, elle consacre plus d'une heure à eBay, le célèbre site d'achat en ligne. Avocate dans un cabinet de trois salariés, elle réclame depuis plusieurs semaines une augmentation qui ne vient pas. Lisa fait de la résistance passive, utilisant le temps et le matériel de l'entreprise à des fins strictement privées. Sentiment d'être mal payés, conditions de travail jugées dégradées, rancoeur envers le patron, simple envie d'en faire le moins possible ou force de l'habitude, les motivations des salariés pour le hors-travail au travail sont diverses. Un déficit d'implication corroboré par l'énorme succès de Bonjour paresse (1), best-seller dont l'auteur prône ouvertement le désinvestissement professionnel. Et le développement de l'Internet a fait exploser les occasions de s'évader du bureau sans lever le nez de son ordinateur. Conséquence : le désamour des Français pour leur entreprise fait que 56 % d'entre eux sont «de plus en plus amenés à régler leurs problèmes personnels au travail» (2). Mais, de la simple consultation d'e-mails à la gestion d'une petite entreprise parallèle, la notion de «problèmes personnels» recouvre en réalité toute une gamme d'activités grappillées sur le temps de travail.

Jeux de rôle. Annie, employée dans une maison d'édition, occupe ses journées sur MSN, une messagerie instantanée, «à discuter avec [ses] potes, en France