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Libération

Avenir bouché pour le vin géorgien

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L'embargo décidé fin mars par la Russie, principal importateur, menace toute la filière.
publié le 24 avril 2006 à 21h01

Tbilissi correspondance

«Tenez, vous voyez les treilles ? Ils ont commencé à attacher la vigne sur les fils de fer, mais ils ne l'ont pas fait jusqu'au bout. C'est un risque : les gens vont peut-être arrêter de s'occuper de leurs vignobles.» Benoît Fil, oenologue et directeur industriel adjoint de Georgian Wines & Spirits (GWS), filiale de Pernod Ricard en Géorgie, s'inquiète. Alors que la menace d'une interdiction prolongée de l'exportation de vins géorgiens en Russie semble se profiler toujours davantage (lire ci-dessous), les vignerons de Kakhétie, terroir d'un vignoble renommé dans tout l'ancien bloc soviétique, hésitent à poursuivre l'entretien de leurs vignes.

Voisin. En attendant les vendanges, ce sont les producteurs et les exportateurs qui se font le plus de souci. Parmi eux, GWS. La filiale du groupe français réalise 57 % de ses exportations en Russie, soit 2 millions de litres l'an passé. L'industrie viticole du pays est, de manière générale, très tournée vers l'export, dont les trois quarts sont destinés au voisin russe. D'où les inquiétudes suscitées par l'embargo.

Officiellement, l'importation de vins géorgiens, mais aussi moldaves, est bloquée pour des motifs strictement sanitaires, alors que le marché russe est saturé de vin frelaté en provenance de Géorgie, mais également produit en Bulgarie, en Roumanie, en Ukraine et surtout... en Russie même. L'ampleur de la contrefaçon est parfois démesurée : sur le seul marché géorgien, l'offre de khvanchkara, appellation