Fatima est chétive et rentre la tête dans les épaules à l'appel de son affaire. Elle est appuyée par une avocate qui, à côté d'elle, paraît immense et pleine d'énergie. Fatima est venue réclamer la résiliation de son contrat de travail aux torts de son employeur et des indemnités subséquentes.
Elle a été embauchée en CDI en décembre 1998 comme employée de maison chez un médecin. En juin 2001, elle doit arrêter de travailler une dizaine de jours, à cause «d'un grave problème de santé», déclare son avocate. Le 29 juillet, de nouveau malade, elle s'absente encore. Un peu plus longtemps cette fois, puisque son certificat court jusqu'au 6 décembre 2003. «A la fin de son arrêt, elle s'est manifestée auprès de son employeur mais n'a pas eu de réponse», explique l'avocate. Fatima multiplie ainsi les lettres et les coups de téléphone, mais jamais le médecin ne donne signe de vie. «Elle voulait régulariser sa situation de travail, poursuit l'avocate. Surtout après s'être battue pendant deux ans contre le cancer.» L'assemblée compatit. «Et puis, Fatima ne parle ni ne lit le français.» Ses enfants l'aident à écrire les courriers qu'elle envoie à son patron.
Si Fatima s'était déplacée au domicile de son employeur, elle se serait aperçue qu'une autre avait pris sa place : «La vérité, Madame la présidente, s'emballe l'avocate, c'est que son patron n'entendait pas la reprendre.» En octobre 2004, l'employeur de Fatima envoie une attestation de travail, ainsi qu'une lettre indiquant qu'ils étai