On les a peu entendus sur le contrat première embauche (CPE). Peut-être parce que les entreprises du CAC 40 n'étaient pas directement visées par la mesure : le gouvernement justifiait sa «période d'essai» de deux ans comme une manière d'embaucher sans prendre trop de risques, malgré les aléas économiques et le manque de visibilité des employeurs. Mais parler d'incertitude serait déplacé pour les quarante plus grosses entreprises françaises : elles ont affiché un nouveau bénéfice record en 2005 et empoché 84,5 milliards d'euros (+ 28 % par rapport à 2004). Raison plus évidente encore de leur silence : ces grands groupes ont depuis bien longtemps d'autres moyens d'organiser la flexibilité de leur main d'oeuvre. A chacun sa méthode : «Les PME sont généralement plus friandes de CDD et de stagiaires. Les grandes entreprises optent plutôt pour l'intérim, analyse Patrick Cingolani, auteur d'un Que sais-je sur la précarité. En moyenne, 10 % des entreprises de 10 à 50 salariés ont recours au travail temporaire, contre 60 % des entreprises de plus de 500.»
Mais chaque secteur a ses traditions, et chaque entreprise ses raisons de rendre de plus en plus «souples» ses salariés. Tester le candidat ? Pas besoin de CPE, l'accumulation de CDD ou de contrats d'intérim sert de prérecrutement, largement utilisé dans l'automobile. S'adapter aux aléas de la conjoncture ? Le sous-traitant fera tampon, comme chez GDF. «Le recours massif à l'externalisation a été développé par les grandes entreprises