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Libération
Interview

«Indépendance et souveraineté»

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publié le 3 mai 2006 à 21h06

Detlef Kotte est économiste à la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced).

Comment analysez-vous la décision de la Bolivie de nationaliser le secteur des hydrocarbures ?

C'est un sujet chaud. Et récurrent : c'est le premier pays à avoir nationalisé le pétrole en 1937. Lors de la dernière privatisation du secteur des hydrocarbures en 1996, la répartition des revenus du gaz était avantageuse pour les multinationales : 82 % pour elles et le reste pour l'Etat, contre 50 % auparavant. Une grande partie des profits était rapatriée par les firmes qui bénéficiaient de surcroît d'exonérations d'impôts considérables. Une situation d'autant plus sensible dans le pays le plus pauvre d'Amérique du Sud, qui possède pourtant des richesses considérables, mais ne peut même pas offrir du gaz de ville à sa population. Désormais, l'Etat bolivien peut tabler sur un revenu de 780 millions de dollars, soit 20 % des dépenses publiques ou encore six fois plus qu'en 2002.

Est-ce le début d'un mouvement de réappropriation de leurs ressources naturelles par les pays en voie de développement ?

Le changement de rapport de force est manifeste. On assiste à la généralisation d'un mouvement de balancier où les Etats reconsidèrent leurs contrats avec les firmes pétrolières, nationales ou étrangères. Au Venezuela, les ressources du pétrole alimentent en partie le financement de programmes sociaux (santé, éducation...). A l'inverse de ce que faisait ce pays dans les années 70 lorsq