Erik Wesselius est chercheur-activiste au Corporate Europe observatory (CEO), un centre de recherche créé en 1997 et basé à Amterdam (1).
Vous dénoncez avec 140 ONG du réseau Alter-EU «le manque de crédibilité» de la Commission dans son initiative sur la transparence. Pourquoi ?
Parce que le livre vert, taillé en pièces par les multiples lobbies industriels et commerciaux, ne repose que sur le volontariat. Or, comment rendre plus transparent le rôle de ces lobbies si on ne les contraint pas à enregistrer leurs représentants auprès de la Commission ? Si l'on ne leur demande pas des informations sur le financement de leurs activités ? Si l'on se borne à leur demander de se plier à un code de conduite développé par eux-mêmes ? Si on élude le «pantouflage» galopant qui voit une multitude de hauts fonctionnaires et de journalistes se recycler dans... le lobbying ? Si l'on ne disqualifie pas toute firme corruptrice en créant une liste noire, à l'instar de la Banque mondiale ?
Cela peut contribuer à mettre au moins en lumière des activités opaques ?
Oui, car contrairement aux Etats-Unis, où l'on peut avoir moult détails sur les lobbies (rôle, financement, etc.), l'Europe reste très en retrait. Or, en vingt ans, on est passé de 1 000 à des dizaines de milliers de lobbyistes qui, via des cercles de réflexion plus ou moins ouverts, infléchissent les orientations de l'UE. Chaque année, selon nos recherches, c'est jusqu'à un milliard de dollars et non entre 60 et 80 millions, comme ils l'