«Dans nos tanneries, il y avait un rite initiatique. Le débutant allait dans un atelier très pénible, la Rivière. Pour l'empêcher de vomir, les collègues lui disaient : "Prends donc un petit coup de blanc !" La rumeur courait qu'il y avait plus de litres de vin que de personnes qui entraient dans l'entreprise», raconte Jean-Louis Couvreur, directeur industriel des tanneries Roux, à Romans-sur-Isère. Aujourd'hui, plus une goutte d'alcool dans sa société. Les conduites addictives commencent, depuis cinq ans environ, à être prises en compte par les entreprises. Un petit tiers des 800 DRH et chefs d'entreprise interrogés ont déjà mis en place des actions de prévention sur la consommation d'alcool, selon un sondage commandé par l'Inpes et l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa), qui organisait mercredi dernier ses Assises nationales de la prévention.
Tant que le salarié semble maîtriser sa consommation, nombre d'entreprises préfèrent fermer les yeux. Et quand il dérape, c'est rapidement la porte. Les médecins du travail ne sont pas assez formés à la prévention et, pour beaucoup d'élus syndicaux, le vin à la cantine est l'une des dernières libertés dans un monde du travail de plus en plus réglementé. «S'il y a un déni par rapport à l'alcool, il y a un déni au carré face aux autres drogues, expliquait Françoise Hugon, de l'Anpaa Savoie, lors des Assises de la prévention. Dans beaucoup d'entreprises, le cannabis, c'est le problème des intérimaires,