Avec la hausse du cours du baril, l'argent coule à flots dans les caisses de l'Etat nigérian. Un budget record de près de 15 milliards de dollars (12 milliards d'euros) a été annoncé pour 2006 et les réserves en devises avoisinent les 30 milliards. Le Nigeria, premier producteur africain et cinquième exportateur mondial de brut, avec 2,6 millions de barils par jour, a remboursé d'un trait une grande partie de sa dette extérieure. Ce qui lui a permis d'obtenir un moratoire auprès du Club de Paris, organe informel qui regroupe les gouvernements des principaux pays industrialisés créanciers. Mais cette valse des milliards laisse indifférente la majorité des 130 millions de Nigérians. Quel que soit son circuit, l'argent du pétrole ne passe pas par la poche des plus modestes. En quarante ans d'exploitation pétrolière, 320 milliards d'euros au moins ont été détournés, soit «l'équivalent de six plans Marshall», note l'Agence nigériane de lutte contre les crimes économiques et financiers. Le secteur pétrolier fournit environ 95 % des revenus à l'exportation et 75 % du budget de l'Etat, mais emploie moins de 5 % de la population active. L'image d'une élite prédatrice s'entendant avec des opérateurs étrangers avares de leurs secrets pour partager la manne pétrolière est fortement enracinée. Avec quelques raisons.
«Incertitudes». «Les opérateurs du secteur pétrolier sont une bande d'arrogants, qui vivent dans leur cocon», a lancé l'énergique ministre des Mines, Obi Ezek