Alain Duménil est un homme d'affaires discret. Très secret même. Qui connaît aujourd'hui ce Français de 57 ans résidant en Suisse, l'une des plus grosses fortunes de l'Hexagone, avoisinant sûrement le milliard d'euros ? Sûrement pas les 143 ex-salariés de Stéphane Kélian, laissés sur le carreau depuis la faillite en août 2005 de leur entreprise. Jamais le milliardaire ne s'est déplacé dans la Drôme pour y rencontrer les petites mains aujourd'hui au chômage qui fabriquaient ses chaussures. C'est cette absence de curiosité qui lui vaut d'être devenu aujourd'hui le symbole du patron voyou, qui garde pour lui les bénéfices et laisse les pertes à la collectivité.
Pourtant, Duménil est tout sauf un industriel sans foi ni loi, habitué des coups tordus. C'est d'abord un financier, à la réputation plutôt flatteuse : l'homme a le coup pour acheter en bas de cycle et revendre au plus fort quelques années plus tard. Et le tout sans se faire d'ennemis. Une pratique qu'il a appliquée dans la banque et l'immobilier, et qu'il pourrait maintenant reproduire dans le luxe. Comment expliquer alors son comportement dans Kélian ? «Duménil a simplement souhaité faire une bonne affaire, croit savoir un ancien proche collaborateur. Il a raisonné avec les salariés comme s'il s'agissait d'obligations ou d'immeubles. Ayant très peu l'habitude de gérer de grosses entreprises, il n'a simplement pas pensé aux familles qu'il laissait au bord de la route».
Bonnes intuitions. La carrière de Duménil s'est en ef