Les 143 salariés du chausseur de luxe Stéphane Kélian, qui ont perdu leur travail en août suite à la liquidation de leur entreprise, vont-ils croire qu'il y a une justice en France ? En tout cas, l'un des responsables de leurs malheurs, Alain Duménil, ex-propriétaire de leur usine, n'a pas dû passer un très bon début de semaine. Interrogé mardi par la brigade financière de la police judiciaire de Lyon, il a été placé en garde à vue pendant quelques heures. Relâché pour raisons médicales, il devrait être reconvoqué avant une éventuelle mise en examen.
Une telle mésaventure était déjà arrivée à son bras droit Patrick Engler. Le 19 avril, le directeur général d'Alliance Designers, le groupe de luxe de Duménil, avait été mis en examen par le juge d'instruction de Valence, Yves de França, pour «complicité de banqueroute» et «faux et usage de faux». Des chefs d'accusation également retenus contre le commissaire aux comptes de Kélian, Thierry Janus, du cabinet Mazars.
Dépeçage. Selon l'enquête réalisée par les policiers, la disparition de Kélian est en fait l'histoire d'un dépeçage planifié. Tout commence fin 2003, quand Duménil se porte acquéreur auprès du tribunal de commerce du groupe situé à Romans (Drôme). Kélian va alors déjà mal, puisqu'il a déposé une première fois son bilan, mais plusieurs offres de reprise existent. C'est Duménil, le mieux offrant avec 3 millions d'euros, qui l'emporte. «Dès ce moment-là, il semble que des consultants lui ont soufflé comment tirer le maximu