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Interview

«Deux migrations : l'une ouvrière, l'autre commerçante»

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Emmanuel Ma Mung, chercheur au CNRS, étudie les motivations chinoises :
publié le 15 mai 2006 à 21h13
(mis à jour le 15 mai 2006 à 21h13)

Géographe spécialiste des migrations internationales, Emmanuel Ma Mung est directeur de recherche au CNRS.

De plus en plus de Chinois viennent s'installer en Afrique pour y travailler, ce phénomène est-il nouveau ?

Il y a eu une migration chinoise en Afrique à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, dans le cadre de ce qu'on appelait le coolie trade (la traite des coolies). Ces Chinois étaient des travailleurs misérables sous contrat de quatre, six et même huit ans. Ils étaient employés dans les mines sud-africaines, ou encore dans les îles sucrières de l'océan Indien. Parfois, ils remplaçaient les esclaves qui avaient été libérés avec l'abolition progressive de l'esclavage dans le monde.

Pourquoi viennent-ils en Afrique aujourd'hui ?

Depuis trois ou quatre ans, il y a deux formes de migration. La première est liée aux grands contrats de travaux publics dans les pays africains. Cette migration de main-d'oeuvre est entièrement encadrée par les entreprises chinoises qui décrochent ces contrats dans toute l'Afrique. L'entreprise débarque alors avec son chantier et sa main-d'oeuvre. Il y a ensuite une autre forme de migration. Cette fois, c'est une migration de petits entrepreneurs. Elle vient de Chine mais aussi d'Europe et plus particulièrement de France. C'est notamment le cas des Chinois qu'on retrouve dans les pays d'Afrique du Nord et d'Afrique francophone.

De quoi vivent-ils ?

Ils vivent surtout du commerce. Plus précisément