La chute de Chen Jin, la star du microprocesseur made in China, constitue un revers symboliquement fort pour les ambitions scientifiques et industrielles de Pékin. Le pouvoir chinois ne ménage pas ses efforts pour rattraper son retard et se positionner dans le peloton de tête du XXIe siècle. Mais la vitesse du développement chinois (près de 10 % de croissance annuelle en ce début d'année) génère des accidents de parcours, dont l'épisode Chen Jin est l'un des plus spectaculaires.
La première phase de la modernisation de l'économie chinoise, depuis le début des réformes il y a deux décennies, s'est faite par l'absorption de technologies étrangères. La Chine a su créer les conditions pour devenir la première destination mondiale des investissements étrangers, exigeant au passage de solides transferts de technologie. Ceux qui s'y refusent sont systématiquement écartés. Avec cette stratégie la Chine a pu devenir «l'atelier du monde», mais elle veut désormais aller plus loin que la simple sous-traitance des marques étrangères.
Pour brûler les étapes, la Chine a deux voies : soit le rachat de marques et de technologies étrangères, comme avec la branche PC d'IBM acquise l'an dernier par le chinois Lenovo ; soit la recherche et le développement autonomes. Le Premier ministre, Wen Jiabao, a reconnu en décembre que la Chine souffrait du manque d'innovation et déclaré vouloir «développer ses capacités de recherche et développement». Les fonds qui y sont consacrés n'atteignent toutefois mê