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Libération

Le foot s'essuie les crampons sur le service public

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L'épisode Domenech est symptomatique d'une dérive.
publié le 17 mai 2006 à 21h15

Quand il a donné dimanche la liste des 23 partants pour la Coupe du monde en Allemagne, Raymond Domenech n'avait pas assorti le verdict du moindre commentaire. Choix délibéré de ne pas se prêter à un jeu médiatique qui l'effraie ? Pas du tout : dès le lendemain, l'opérateur SFR, sponsor des Bleus, proposait à ses abonnés possesseurs d'un téléphone portable de 3e génération une chronique vidéo du sélectionneur. Où il exprime mille merveilles, du style : «Frank Ribéry a des qualités de vitesse et le brin d'inconscience de la jeunesse», ou encore «quand on fait une liste, on commence par le gardien et on termine par les attaquants».

Pipeau. L'instant est historique : ce pipeau tenant lieu d'information dans l'univers ultra-contrôlé des Bleus, c'est la première fois qu'un sélectionneur tricolore s'exprime prioritairement à travers un opérateur privé plutôt qu'un média classique. Le cas de Raymond Domenech, qui n'a pas touché un rond à titre personnel dans cette histoire, doit être distingué de celui d'un Zidane, qui a offert la primeur de son retour à l'opérateur Orange. Détaché par la Direction technique nationale, le sélectionneur est salarié de la Fédération française de foot (FFF), qui a délégation du ministère des Sports. L'accès du public aux matchs de l'équipe de France ainsi qu'aux informations afférentes est jusqu'ici protégé Ñ sauf pour les joueurs, qui peuvent négocier des exclusivités Ñ des règles du marché, une circulaire européenne imposant par exemple la diffusion