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Libération
Interview

«Le schéma reste postcolonial»

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publié le 17 mai 2006 à 21h15

Selon les chiffres de l'OCDE publiés hier, les perspectives économiques de l'Afrique n'ont jamais été aussi bonnes. La croissance devrait atteindre 5,8 % cette année, le PIB par habitant augmente, l'aide est en hausse. Philippe Hugon, professeur d'économie à Paris X et spécialiste du continent, relativise ces bonnes nouvelles.

Avec une prévision de croissance de 5,8 % cette année, l'Afrique est sur la bonne voie ?

Effectivement, depuis le début du nouveau siècle, on peut observer une certaine reprise de la croissance économique en Afrique, autour de 4 à 5 %. Elle est liée principalement au gaz et au pétrole, ainsi qu'à la hausse des cours des minerais, par exemple l'or pour l'Afrique du Sud et le Mali, ou bien le cuivre pour la Zambie. Deuxième élément favorable : une certaine réduction de la dette. Enfin, des relations qui se nouent avec les pays émergents en quête de matières premières, comme la Chine, l'Inde ou le Brésil, avec pour conséquence une diversification des partenaires économiques et une hausse significative des investissements directs étrangers. Ces bonnes nouvelles sont cependant à prendre avec un certain nombre de réserves. D'abord parce que tous les pays africains ne sont pas producteurs de pétrole ou de minerais. Ensuite parce qu'il s'agit d'effets de croissance liés au prix des matières premières, beaucoup plus que de développement proprement dit, avec accroissement de la productivité, développement d'un tissu industriel et diversification des économies. L'i