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Libération

La justice s'intéresse à la couleur des intérimaires

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Hier, Garnier et une filiale d'Adecco comparaissaient pour discrimination.
publié le 19 mai 2006 à 21h17

«C'est bien votre écriture ?» La présidente du tribunal tend un fax à la prévenue. «Oui madame.» Sur le fax, une inscription : «BBR». Comme «bleu blanc rouge» ou «Français de souche». En 2000, Thérèse Coulange était directrice générale adjointe de Districom, une filiale du groupe d'intérim Adecco. C'est elle qui a envoyé un fax à sa maison mère réclamant de jeunes animatrices intérimaires «BBR» pour représenter dans les supermarchés des produits capillaires de la gamme Fructis Style, du laboratoire Garnier.

SOS Racisme poursuivait, hier, devant le tribunal de grande instance de Paris, les sociétés Districom et Adecco, qui auraient participé au recrutement discriminatoire, et Garnier, qui aurait demandé des représentantes blanches. Ainsi que des cadres dirigeants des trois entreprises.

L'affaire est partie du témoignage de Christine Cassan, ancienne salariée de Districom. Licenciée pour faute grave et «non respect des consignes» six mois après l'affaire. Elle témoignait hier. «Je continuais à mettre des noms arabes ou africains sur le planning des animatrices. Une de mes supérieures a lancé : "Y en a marre de Christine et de ses Arabes !"» Selon Christine Cassan, une responsable de Garnier aurait, elle aussi, éjecté de la sélection des jeunes filles en raison de leur couleur. «On m'a dit que Garnier était un gros client. En aucun cas, on ne contredisait ses consignes.»

Contre-productif. Dans les travées, l'avocat de L'Oréal, maison mère de Garnier, tourne ostensiblement vers les