«Si Peyrel continue à refuser mon autorité, on le foutra en préretraite comme un malpropre.» Pour le cadre supérieur de ce grand magasin parisien, ce ne sera pas la préretraite, mais le placard. François Peyrel était responsable des transports et de la logistique des filiales de l'enseigne. Après plus de vingt ans de services rendus, ce délégué syndical a été convoqué par son directeur des ressources humaines. Il avait 58 ans. Du fait de ses mandats syndicaux, le licencier aurait nécessité l'appel à l'inspection du travail, et, avec ses années de service, aurait coûté cher en indemnités de départ. La solution de la direction a été de le mettre au placard. La situation persiste aujourd'hui encore, François Peyrel a deux années à effectuer avant de prendre sa retraite. Etre payé pour ne rien faire, comme ce gagnant du Tac au Tac qui reçoit un chèque tous les mois alors qu'il fait le lézard au soleil. Un rêve de salarié débordé. Mais un rêve passager. Car, quand il s'entache de mesures disciplinaires, de harcèlement ou de discrimination, il est loin de l'idéal de l'employé.
Pression. Du jour au lendemain, le placardisé est enfermé sans trop savoir pourquoi. «Je me suis senti écrabouillé sur le trottoir», commente François Peyrel. «C'est un moyen de pression et de répression, explique Anne Flottes, psychologue du travail. L'enjeu est de savoir pourquoi on se retrouve dans cette situation, pour essayer de l'admettre.» Discrimination syndicale, limite d'âge atteinte, pas assez bril