Anne Flattes est psychologue du travail à Lyon. Consultante, elle travaille aussi bien avec les directions qu'avec les syndicats via les comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT).
Quelle sont les caractéristiques d'un placard ?
Ce n'est pas une situation très fréquente. Elle n'est pas faite pour durer ou être généralisée. Le but est de faire partir l'employé ciblé. Dans les administrations, il n'est pas rare de voir des gens renvoyés chez eux depuis une dizaine d'années qui continuent de percevoir leur salaire. Ils ne démissionnent pas car ils sont payés. C'est un processus organisé par un collectif qui s'est entendu avant. Mais les placardisés de longue période reviennent ensuite complètement cassés, au point parfois de ne plus pouvoir retravailler.
Quels sont les troubles que le placard peut causer sur ses victimes ?
On rencontre des troubles quasiment identiques à ceux dont souffre un employé en surcharge de travail. Sauf que quand il y a surcharge, l'employé peut revendiquer ou décider d'arrêter. Il est plus compliqué de réclamer du travail. Alors que la contrainte du surmenage est compensée par la valorisation de son travail par les autres, le placardisé a au contraire tout intérêt à renforcer son estime de soi. Quand il n'y a plus de travail, plus rien ne tient. Personne ne peut être à ce point cynique pour supporter ça. On retrouve des pathologies type alcoolisation et autres dépendances. Des tensions à la limite