Une fusée éclate au-dessus du boulevard de Montmorency. La détonation est prolongée par un concert de cornes de brume. Barouf plutôt inhabituel sur cette voie étroite du XVIe arrondissement parisien. Hier matin, près de 400 salariés de la Sogerma se sont rassemblés devant l'imposant siège de leur maison mère, EADS, pour signifier bruyamment leur refus de voir fermer leur site de Mérignac (Gironde), menace pour plus d'un millier d'emplois. La rue est barrée : les banderoles, sirènes, pétards et fumigènes font fuir le conducteur d'un énorme 4 x 4. Sur les grilles du n° 37, siège d'EADS, on a accroché des gilets jaunes de sauvetage aérien.
«Osmose». Partis à 2 heures du matin de Mérignac, les manifestants ne se sont pas laissé décourager par la saucée glacée qui les a cueillis en milieu de matinée. Emmitouflés dans leur parka bleue estampillée Sogerma, les salariés descendus de la dizaine de bus qui ont fait le voyage sont cadres, ingénieurs, aussi bien que techniciens ou employés de services. «Sur ce conflit-là, on ressent une très forte osmose, observe avec émotion Jean-François, cadre aux achats, aussi bien entre les gens que dans l'intersyndicale.» La voix éraillée, Vincent Loizeau, délégué CFE-CGC de l'intersyndicale, ne clame pas autre chose dans son mégaphone : «On vous avait promis de venir exprimer votre colère à Paris, je vois des gens dignes et responsables quelle que soit leur catégorie : c'est l'esprit Aérospatiale !»
Salve d'applaudissements : le rappel aux origines