Moscou de notre correspondante
Le «Wunderkind goes global», comme on dit joliment en nouveau russe. Pour la Russie, l'alliance d'Arcelor et Severstal consacre à la fois l'ascension météorique d'un tout jeune oligarque, Alexeï Mordachov, 40 ans, et celle d'une économie qui se relève et veut maintenant profiter de la mondialisation. Severstal, nouveau partenaire d'Arcelor, c'est l'histoire de la formidable transformation d'un vieux combinat soviétique, fondé par Staline après la Seconde Guerre mondiale, parti aujourd'hui à la conquête du monde.
Né à Tcherepovets, le siège du combinat, 600 km au nord de Moscou, Alexeï Mordachov est entré en 1988 au combinat, comme simple économiste, après des études à Leningrad qui lui avaient tout de même déjà permis de se lier avec Anatoly Tchoubaïs (futur père des privatisations, aujourd'hui roi de l'électricité russe). Remarqué par le vieux directeur, Alexeï Mordachov passe chef comptable, puis directeur financier et enfin responsable de la privatisation de l'entreprise en 1993, à 28 ans. Brillant et ambitieux, il réussit à l'époque à écarter les prédateurs qui tournaient autour de Severstal, notamment Vladimir Lissine (aujourd'hui à la tête d'un concurrent, Novolipetsk, lui aussi récemment en lice pour épouser Arcelor), et s'empare progressivement des actions de la société qu'il privatise. Aux dernières nouvelles, il détenait 82 % des actions de Severstal. Sa fortune personnelle est estimée par le magazine Forbes à 7,6 milliards de dollars,