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Libération

Michelin perd son guide

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publié le 27 mai 2006 à 21h23

«Je me suis senti tout petit.» C'était en novembre 1999, Edouard Michelin vient d'être nommé PDG du premier groupe mondial de pneumatique, en remplacement de son père François. Et cède à l'autocritique. Le jeune patron, il a alors 36 ans, avait annoncé quelques semaines auparavant la réduction de 10 % des effectifs en Europe en même temps que la croissance de près de 20 % de son bénéfice semestriel. Un prélude à ce que l'on n'appellerait plus que «l'affaire Michelin des licenciements boursiers». Mais en acceptant de parler à Libération, Edouard donne un premier petit signe. Celui qu'une nouvelle ère va s'ouvrir pour le groupe, 130 000 salariés dont 34 000 en France.

Hévéas. Et de fait, discrètement, Edouard fait oublier François. Là où son père incarne le patron paternaliste, catholique, de droit divin, Edouard va s'engager sur le terrain social. Là où, peut-être, on attendait le moins le jeune héritier, il accepte de négocier les 35 heures en arrachant un accord sur le sujet, quand son père s'était illustré comme opposant patronal numéro un à Martine Aubry et à la réduction du temps de travail. Là où, sous le règne de son père, il ne faisait pas bon être syndicaliste sous peine de voir sa carrière patiner ou risquer de retrouver un beau matin ses affaires dans des sacs poubelle à l'accueil de l'usine, il ouvre un dialogue social au Comité de groupe européen avec les syndicats. depuis 8 ans le manufacturier est absent des circuits. Là où son père détestait les dépenses inutil