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Libération

«On est des pions»

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publié le 29 mai 2006 à 21h23

Charles Vincent, 56 ans, quarante ans de maison chez Arcelor :

«Quand j'ai démarré, je portais la caisse à outils et je n'avais rien à dire. Maintenant, aux gars, on leur demande poliment : "Tu peux faire ça, s'il te plaît ?" Et encore, ils vous répondent : "Pourquoi ?"»

Julien, 19 ans, chaudronnier :

«A 30 ans, comment je me vois ? Patron, j'aimerais bien.»

Ahmed, 32 ans, salarié chez PSA et syndiqué à la CGT :

«Un ouvrier, c'est un travailleur qui fait des richesses pour les patrons. Et un peu pour subvenir à ses besoins. J'ai fait six ans de travail à la chaîne. Ils appellent ça opérateur.»

Marc, 27 ans, apprenti chaudronnier :

«J'ai vu un documentaire à la télé : des hommes avec le poing levé et le béret. C'est plus du tout ça. Il n'y a plus de solidarité. Moi, je ne suis pas syndiqué, je trouve que c'est utopique. En revanche, j'ai bien aimé la grève de la faim du député (Lassalle, ndlr) contre la délocalisation d'une usine. Au moins il le fait par la non-violence. Il y en a encore qui se battent pour des gens comme nous.»

Nicole, 50 ans, ouvrière chez Lu :

«J'emballe les biscuits. J'ai pas été beaucoup à l'école, alors, voilà : c'est la première entreprise qui a voulu de moi. Maintenant, je fais partie des murs ! Je suis ouvrière, et contente de l'être. C'est quand même mon entreprise qui me fait vivre depuis trente-cinq ans ! Il y a un côté familial. Faut dire qu'on n'est plus très nombreux. Pendant les pauses, on mange, on parle des petits-enfants. Ou des sorties qu'on a fait