Jointe par téléphone, Shirin Akther, présidente du Front national des travailleurs bangladais (BJSJ), l'un des nombreux syndicats du pays, revient sur les causes de la révolte qui a rassemblé jusqu'à 100 000 personnes à Ashulia.
Comment expliquez-vous la flambée de violences survenue la semaine dernière ?
L'élément déclencheur a été la mort d'un ouvrier dans une usine où les employés manifestaient contre le non-paiement des salaires. La police est intervenue en tirant dans la foule. L'incident a immédiatement fait tache d'huile, y compris dans les usines où les employés sont mieux traités, car le mécontentement des ouvriers du textile est déjà ancien et le ras-le-bol omniprésent. Malgré l'importance de cette industrie pour le pays, le salaire minimum n'a pas été réévalué depuis 1994, alors que, dans le même temps, le coût de la vie a doublé. Cela fait maintenant deux ans que les syndicats mènent campagne pour revoir ce tarif à la hausse. Nous réclamons qu'il soit porté à 3 000 thakas par mois (environ 33,40 euros) et que les lois nationales, mais aussi les conventions du Bureau international du travail, qui ont été ratifiées par le Bangladesh, soient respectées. Ce qui est loin d'être le cas pour l'instant.
Comment expliquer l'impunité des entorses aux lois nationales et internationales ?
Au Bangladesh, les lois ne sont pas souvent appliquées. Et comme les ouvriers ne connaissent pas leurs droits, il est très facile pour les employeurs d'abuser d'eux. C'est pourquoi nous militon