C'est le pitch idéal pour mettre tous les réseaux politico-industriels français en situation d'intense hystérie : la fin du mandat d'un patron d'entreprise publique. En l'occurrence celui d'Anne Lauvergeon, big boss d'Areva, le leader mondial du nucléaire civil, qui doit être renouvelé lors d'un conseil de surveillance du groupe le 29 juin. Lancée depuis plusieurs mois, la campagne pour sa succession est entrée dans la dernière ligne droite. «Tout est possible car Areva est l'un des derniers gros joujoux de l'Etat actionnaire. Comme c'est un paquebot pas très compliqué à piloter, ça donne envie à beaucoup de monde», décrypte une source gouvernementale. A côté de Lauvergeon, ultrafavorite, les autres candidats préfèrent la discrétion. Pas un nom n'a filtré. «C'est la meilleure façon de faire avancer son dossier», assure un connaisseur.
Dans son camp, on se dit résolument serein sur l'issue. Les derniers (petits) signaux du «roi» actionnaire en sa faveur seraient de très bon augure. Du voyage avec Jacques Chirac au Brésil, la patronne du nucléaire est revenue tout sourire. «Sa relation avec le président de la République a toujours été excellente», estime un proche. Quant à Dominique de Villepin, s'il vient aujourd'hui visiter le chantier du premier EPR vendu par Areva, ce n'est pas pour s'étendre sur le retard pris (lire ci-dessous), mais plutôt pour vendre la techno française. Et donc par ricochet conforter Anne Lauvergeon.
Agacement. C'est bien ce qui enquiquine Thierry Breton